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L’attractivité des métiers du soin

Postée le 28/12/2021

Malgré des hausses de salaires après le Ségur de la santé, les métiers du soin ne semblent toujours pas plus attractifs et les établissements de santé peinent à compléter leurs équipes. En effet, alors que les soignants alertent continuellement sur leurs conditions de travail, et que la pandémie s’éternise, il est difficile de présenter les métiers du soin comme des carrières épanouissantes.

Être soignant, le parcours du combattant

Difficile de faire rêver lorsqu’on parle des métiers du soin ces dernières années. Dans les médias se multiplient les articles sur la Covid, la précarité, et surtout l’épuisement des soignants. Le 1er décembre 2021 par exemple, le personnel de l’AP-HP était dans la rue pour dénoncer ses conditions de travail. Sadi, un brancardier, s’exprime face à Actu Soins : « Pour l’attractivité, ils doivent s’y prendre autrement. L’un de nos confrères s’est immolé sur son lieu de travail à l’hôpital Saint-Louis début novembre, c’est bien la preuve que la situation ne va pas. Dès lors qu’un agent se suicide, les directions mettent le passage à l’acte sur le compte des situations personnelles des agents mais ce n’est pas le cas, c’est lié à nos conditions de travail. »

Pour Yves Veyrier, secrétaire général de Force Ouvrière, les négociations dans le cadre du Ségur de la santé étaient absolument nécessaires, mais « ne suffisent pas puisque malgré les revalorisations salariales, le personnel hospitalier continue de démissionner. » Matine, infirmière dans un établissement de l’AP-HP en Essonne, renchéri « Cela fait un moment que nous sommes épuisés et finalement, la crise sanitaire n’a fait que révéler notre situation.  »

La Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés solidaires (FEHAP, le privé non lucratif) insiste également sur le défi considérable de l'attractivité des métiers. Pour la fédération il y a « urgence absolue »  à recruter pour des secteurs du soin comme l'accompagnement. Beaucoup d’oublis et de manquements génèrent de l’amertume. Par exemple, d’après les calculs de la FEHAP, les enveloppes octroyées au privé non lucratif sont insuffisantes pour couvrir les engagements pris par le gouvernement. Pour Antoine Perrin, directeur général de la Fédération, il manque 10 millions d'euros sur le Ségur 1. La FEHAP estime également le besoin de financement à 58,5 millions d'euros pour assurer la revalorisation des 10 900 emplois temps plein (ETP) identifiés au sein des centres de dépistage des cancers, centres de santé, ou encore de médecins coordonnateurs du médico-social. Ces postes font partie des oubliés du Ségur de la santé. 

Changer de stratégie de communication

Ce qui a également changé depuis 2020, c’est l’enjeu de la communication pour les établissements hospitaliers. Un pic historique a été enregistré vers la mi-mars 2020, en pleine première vague, avec pas moins de 1 400 messages diffusés chaque jour sur les réseaux sociaux par les 31 CHRU français. Le cabinet Comfluence a réalisé un sondage sur la communication hospitalière auprès de 56 directrices et directeurs d’établissements hospitaliers, sondés en octobre et novembre 2021. Pour 88 % de ces managers, la communication est devenue une fonction essentielle depuis la crise Covid et 98 % estiment que leurs actions de communication « ont contribué à la bonne gestion de la crise ».

Pour ces établissements, prendre le rôle de relais d’information a été un moyen de réaliser qu’ils ont une audience. En quelques mois, certains comptes hospitaliers ont vu leur audience tripler sur les réseaux sociaux, selon le cabinet de communication, et sont vus comme des sources d’information fiables et neutres. Trois quarts des établissements sondés ont créé des « réunions spécifiques » pour traiter de ces questions de communication à leur niveau : une nouvelle façon d’améliorer leur image et leur notoriété. 

« Certains directeurs d’hôpitaux, très présents sur les réseaux sociaux comme celui du CHU de Bordeaux ou de Lille ont bien compris que c’était un réel vecteur d’attractivité », souligne Jérôme Ripoull, directeur associé de Comfluence. « Pendant la pandémie, les directions hospitalières n’ont cessé de valoriser les soins, les soignants, en mettant en avant leur engagement et leur qualité. »

Si ces mises en lumière des soignants et de leur quotidien ne remplissent pas les investissements financiers et les lits d’hôpitaux, voilà une autre façon de faire parler des métiers du soin, sans pour autant amoindrir leurs besoins et revendications.

 

Claire Bléhaut

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Sources 

 

https://actu.fr/hauts-de-france/lille_59350/la-filiere-sante-vise-40-000-emplois-en-2025-dans-les-hauts-de-france_44778420.html

https://www.lequotidiendumedecin.fr/hopital/politique-hospitaliere/il-ny-pas-eu-de-declic-le-secteur-nattire-pas-la-fehap-sonne-lalarme-sur-lattractivite

https://www.lequotidiendumedecin.fr/hopital/politique-hospitaliere/reseaux-sociaux-plateaux-tv-marketing-interne-les-directeurs-dhopitaux-ont-mis-le-paquet-sur-la-com

https://www.lequotidiendumedecin.fr/hopital/politique-hospitaliere/investissements-du-segur-24-milliards-de-credits-en-ile-de-france-la-sante-mentale-prioritaire 

https://www.actusoins.com/356051/attractivite-vers-un-plan-de-communication-sur-les-metiers-du-soin.html

https://www.actusoins.com/356009/le-personnel-de-lap-hp-dans-la-rue-pour-denoncer-les-conditions-de-travail.html 

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/c-est-mon-boulot/ces-metiers-qui-recrutent-les-professions-du-soin-et-de-l-aide-a-la-personne_4873313.html 

Crédit photo : DCStudio - freepik