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Un rapport sur les métiers du grand âge et de l’autonomie

Postée le 19/01/2020

La population des seniors est en augmentation, correspondant au pic des naissances de l’après-guerre ; la problématique de leur accueil en institution ou du maintien à domicile est cruciale quand les instituts de formation sont confrontés à la diminution du nombre de candidats (- 25 % en six ans).

Dans la continuité du rapport Libault (mars 2019) et dans l’attente d’une loi Grand âge et autonomie, Myriam El Khomri a remis le 29 octobre dernier son rapport sur les métiers du grand âge et de l’autonomie [1] pour répondre au « défi d’une société tout entière ». Elle préconise un certain nombre d’actions qui ont été soumises à Agnès Buzin [2].

Elle estime qu’il faudra recruter près de 93 000 postes supplémentaires d’aides-soignants et d’accompagnants des personnes en perte d’autonomie en cinq ans, à raison d’environ 18 500 postes par an. Ils devraient permettre de renforcer les équipes, d’absorber le nombre de personnes supplémentaires prises en charge et de dégager des temps collectifs d’analyse de pratiques d’une demi-journée par mois, pour « en finir avec une forme de “taylorisation” des tâches [qui] conduit de fait à une forme d’isolement du professionnel », approuve la ministre [1].

Ce rapport a été salué par les acteurs du secteur pour son approche de terrain, au plus près des personnes âgées et handicapées, ainsi que des professionnels. Il comprend un plan d’actions en cinq axes dont le pre-mier est d’améliorer les conditions d’emploi et de rémunération dans le secteur des services à domicile avec la revalorisation d’ici 2021 des grilles salariales des conventions collectives inférieures au Smic ; l’indemnisation forfaitaire kilométrique doit être effective.

Constatant la grande sinistralité, l’objectif est de réduire d’un cinquième le nombre d’accidents et les troubles musculosquelettiques en quatre ans via un programme national.

La modernisation des formations est un axe fort alors que la réingénierie du diplôme d’aide-soignant, reposant sur le principe de modularité, est sur le point d’aboutir. Le concours aide-soignant devrait être supprimé pour intégrer Parcoursup dès 2021, tout en restant accessible aux non-bacheliers. Par ailleurs, selon le rapport, la formation doit être universellement gratuite, hors frais d’inscription. Dans la mesure où ce plan concerne tous les métiers du grand âge, il vise à réduire drastiquement l’éventail des diplômes reconnus et à développer les passerelles.

Tous les professionnels en poste dans le domaine de la dépendance, notamment les accompagnants à domicile, devraient pouvoir accéder à une formation d’assistant de soins en gérontologie. De plus, une régularisation des glissements de tâches pourrait être autorisée dans le cadre de protocoles de coopération. Toutefois, la réingénierie prévoit de déléguer de nouveaux actes aux aides-soignantes. Maintes fois refusée, la pratique d’une activité libérale aide-soignante devrait être expérimentée dans les zones sous-denses. Un “senior Bafa” pourrait être créé pour lutter contre l’isolement des personnes âgées, surtout pendant les périodes estivales.

Pour plus d’attractivité, des perspectives d’évolution professionnelle sont indispensables ; les aides-soignants pourront assumer des missions de référent métier des équipes de terrain ou prévention (nutrition, activité physique ou repérage de la maltraitance) ; tutorat ; coordonnateur ; enseignement en institut de formation des aides-soignants pour les plus expérimentés. En prévision de la réforme des retraites, l’ouverture d’un grade terminal B pour les aides-soignants expérimentés serait proposée.

Une grande campagne nationale de communication, sur le modèle de celles de l'armée, redorerait le blason des métiers de la perte d’autonomie. Les autres propositions concernent différents acteurs, comme les infirmiers, avec la reconnaissance de la pratique avancée en gérontologie, la coordination territoriale avec la création du métier de care manager ou le pilotage de ce plan.

Agnès Buzyn promet le renouveau des métiers du grand âge et de l’autonomie : « Il y a urgence et nous ferons vite. [...] Je nous donne d’ici début 2020 ».

 

Valérie Lequien

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[1] Discours d’Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé.Remise du rapport El Khomri. 29 octobre 2019.

[2] https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_el_khomri_-_plan_metie...