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Repérer et prendre en charge le syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique

Postée le 25/11/2021

Bien que la Covid-19 touche en très grande majorité les adultes, un syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique (Pims) a été observé chez des enfants dans le contexte épidémique d’infection à Sars-CoV-2. Il s’agit d’une pathologie rare, mais sévère : 565 cas ont été recensés en France au 24 août 2021, dont au moins un décès. Deux tiers des enfants concernés ont été hospitalisés en soins intensifs [1]. 

Une affection difficilement repérable 

Ce syndrome est peu connu et les symptômes évocateurs sont peu spécifiques, ce qui conduit généralement à un retard de diagnostic, d’autant que l’infection à Sars-CoV-2 est souvent peu symptomatique chez l’enfant. Pourtant, l’association de ces signes cliniques nécessite attention et réactivité. La Haute Autorité de santé (HAS) a élaboré des réponses pratiques pour aider à repérer précocement cette affection et permettre le déclenchement rapide de la prise en charge hospitalière [2]. 

Les médecins doivent penser au diagnostic de Pims, notamment lorsqu’ils observent l’association des symptômes suivants : 

  • une fièvre élevée, supérieure à 39 °C ; 
  • une altération marquée de l’état général : apathie, asthénie extrême, perte d’appétit, frissons, pâleur, douleurs diffuses, marbrures ; 
  • des signes digestifs très fréquents, tels que des douleurs abdominales, une diarrhée, des nausées, des vomissements, un syndrome pseudo-appendiculaire (le plus souvent, l’abdomen est souple à la palpation). 

D’autres signes cliniques peuvent être présents, mais de manière variable : 

  • signes de choc : pâleur, polypnée, tachycardie, pouls filant, hépatomégalie, temps de recoloration cutanée allongé, instabilité tensionnelle ou hypotension ; 
  • signes cutanés et muqueux : injection conjonctivale, éruption maculopapuleuse, prurit, œdème et rougeur des extrémités, lèvres sèches et fissurées (chéilite), glossite ;
  • signes neurologiques : irritabilité, céphalées, méningisme, confusion ; 
  • signes respiratoires : polypnée, toux. 

Ces symptômes peuvent être observés à tout âge, le plus souvent chez les enfants de 4 à 11 ans. Un historique d’infection à Sars-CoV-2 dans les quatre à six semaines précédentes et/ou de contact proche avec une personne infectée constitue deux éléments évocateurs, mais leur absence ne permet pas d’écarter la possibilité d’un Pims. En cas de tableau clinique évocateur ou de doute, la HAS recommande d’adresser rapidement l’enfant à un service pédiatrique hospitalier. S’il présente des risques ou des signes de défaillance hémodynamique, il est conseillé de contacter le service d’aide médicale urgente. 

Un suivi spécifique en fonction de la sévérité 

Les examens complémentaires effectués devront s’attacher à évaluer le syndrome inflammatoire, les troubles de la coagulation, le bilan infectieux, et à détecter les atteintes spécifiques. Le traitement aura pour objectifs de prévenir et de corriger d’emblée les défaillances d’organes (cardiaque, vasoplégie), de réduire rapidement l’inflammation et de limiter les risques de séquelles. Il est essentiel que tous les enfants ayant développé un Pims bénéficient d’un suivi spécifique, adapté en fonction de la sévérité et du risque de complications, concerté entre le médecin traitant et le service hospitalier. La Société française de pédiatrie (SPF) et le groupe Copil Covid inflammation pédiatrique ont mis en place un protocole de collecte de données cliniques et d’explorations complémentaires, ainsi qu’une fiche d’évaluation à six mois des enfants ayant présenté un Pims, disponibles sur le site de la SFP [3]. 

 

Catherine Boisaubert 

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[1]https://www.santepubliquefrance.fr/etudes-etenquetes/surveillance-nation...

[2]https://www.has-sante.fr/jcms/p_3276724/fr/reponserapide-dans-le-cadre-d...

[3] https://gfrup.sfpediatrie.com/ actualites/covid-19prise-en-charge-pims-0.