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Parcours de soins des patients atteints de la Covid-19 durant la première vague

Postée le 15/12/2020

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a analysé les parcours de soins de 90 800 patients hospitalisés en médecine, chirurgie, obtétrique (MCO ; hospitalisation conventionnelle ou soins critiques) pour motif de Covid-19 entre le 1ermars et le 15 juin 2020 [1].

Parmi les patients de la cohorte, il a été observé une durée médiane de séjour en MCO ou MCO et soins de suite et de réadaptation (SSR) de vingt jours s’ils sont passés par les soins critiques, comprenant la réanimation, les soins intensifs et les soins continus, et de huit jours s’ils n’y sont pas passés. La durée médiane de séjour en soins critiques est de onze jours (douze chez les hommes et neuf chez les femmes).

L’étude indique que l’âge médian des personnes hospitalisées en MCO est de 71 anset que celui des personnes décédées à l’hôpital est de 81 ans. Les hommes sont surreprésentés parmi les patients admis en soins critiques (70 %), parmi les personnes décédées (60 %) et, dans une moindre mesure, parmi les hospitalisés (55 %).

Quatre parcours-types se dégagent durant les quatre-vingt-dix jours suivant l’hospitalisation. Les séjours en MCO suivis d'un retour à domicile comptent pour 74 %, les hospitalisations se concluant par un décès pour 19 %, les séjours en MCO suivis d'un transfert en SSR pour 5 %. Les hospitalisations avec un long passage par les soins critiques représentent 2 %, qu’elles soient suivies ou non d'un décès (une partie pourrait provenir d'un retard de clôture des données d’hospitalisations dans le système d’information pour le suivi des victimes).

La Drees relève que 81 % des patients hospitalisés atteints de Covid-19 ne sont pas passés par un service de soins critiques. Seuls 27 % des décès de personnes hospitalisées ont eu lieu en soins critiques (dont 17 % concernant des patients de plus de 70 ans).Ainsi, quatre-vingt-dix jours après l’hospitalisation, le taux de mortalité parmi les personnes admises entre le 1ermars et le 15 juin 2020 est de 19 %. Il est plus élevé chez les hommes (21 %) que chez les femmes (17 %) et augmente fortement avec l’âge : de 2 % pour les moins de 40 ans, il atteint 33 % parmi les plus de 80 ans.

Pour les patients passés en soins critiques, le taux de mortalité à quatre-vingt-dix jours est de 27 %, mais l’âge reste un plus fort déterminant que ce passage. La Drees observe que ce taux diminue nette-ment au cours du temps (division par deux au moins entre les entrées de début mars et celles de mi-juin), indépendamment de l’évolution de l’âge et du sexe des personnes hospitalisées. Les auteurs pensent que cela pourrait s’expliquer par une meilleure connaissance de la maladie, une moindre pression épidémique ou une meilleure prise en charge à l’hôpital.

En observant l’âge et le sexe des patients hospitalisés, le taux de mortalité à quatre-vingt-dix jours se révèle supérieur à la moyenne nationale en Île-de-France, dans le Grand-Est et dans les Hauts-de-France. Cela peut tenir, pour les auteurs, aux disparités des populations de chaque région en termes de comorbidités et de facteurs de risque, à la situation épidémique locale ou au taux d’hospitalisation dans la région, sans que leur étude permette de trancher. Si l’on examine la date d’hospitalisation pour tenir compte de la baisse de mortalité observée au cours du temps, ce taux reste significativement plus élevé dans ces trois régions, mais il apparaît également plus élevé en Bourgogne-Franche-Comté et en Normandie.

 

Catherine Boisaubert

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[1] Courtejoie N, Dubost CL. Parcours hospitalier des patients atteints de la Covid-19 lors de la première vague de l’épidémie. Les Dossiers de la Drees 2020 ;67. https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dd67.pdf