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La technique du bypass gastrique en oméga jugée non pertinente

Postée le 25/02/2020

La chirurgie bariatrique est une option pour les personnes atteintes d’obésité sévère ou massive en échec thérapeutique. Chaque année, plus de 50 000 personnes sont opérées en France. Parmi les techniques chirurgicales, les plus utilisées sont la sleeve gastrectomy (32 000 par an) et les bypass (13 000 par an).

Ces derniers consistent en une réduction de la taille de l’estomac associée à un court-circuitage d’une partie de l’intestin grêle. Ce court-circuit a d’abord été réalisé en Y, technique évaluée et recommandée par la Haute Autorité de santé (HAS) [1], puis une autre technique – dite en oméga – s’est amplement diffusée, initialement développée pour pallier la complexité de l’opération en Y. Depuis quelques années, elle est largement pratiquée en France.

La HAS a récemment évalué le bypass en oméga, jusque-là objet d’un programme hospitalier de recherche clinique, dont les résultats ont été publiés cet automne [2].

Sur cette base, la HAS a conclu que cette technique ne représente pas une alternative pertinente au bypassen Y et préconise qu’elle ne soit plus remboursée par l’Assurance maladie.

En effet, les études révèlent un plus grand nombre de complications graves, parmi lesquelles des carences sévères, notamment en vitamines et minéraux, et des reflux biliaires. De surcroît, il n’existe pas de données probantes sur une meilleure efficacité du bypass en oméga par rapport à celui en Y.

Néanmoins, les données disponibles concernent le bypass en oméga avec une anse de 200 cm1 ; les informations manquent sur celui réalisé avec une anse de 150 cm, une modalité alternative qui limiterait les complications nutritionnelles.

Concernant les patients déjà opérés, la HAS recommande qu’ils bénéfi-cient du même suivi que ceux opérés selon la technique en Y, mais avec une vigilance particulière quant à la surve-nue de complications nutritionnelles et liées au reflux biliaire – dont nous ignorons les conséquences à long terme. Il est en particulier préconisé de pratiquer une fibroscopie cinq ans après l’intervention chirurgicale.

La HAS a programmé d’autres travaux pour évaluer la pertinence, l’efficacité et la sécurité des techniques de chirurgie bariatrique, autres que les quatre aujourd’hui recommandées (l’anneau gastrique, la sleeve gastrectomy, le bypass en Y et la dérivation biliopancréatique). Elle va ainsi réaliser un état des lieux des techniques actuellement en développement afin de les évaluer avant qu’elles ne se diffusent dans la pratique courante.

 

Catherine Boisaubert

 

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1 C’est-à-dire que la dérivation exclut 200 cm du tube digestif.

[1] Recommandation de bonnes pratiques « Obésité : prise en charge chirurgicale chez l’adulte», 2009.

[2] www.has-sante.fr/jcms/c_2912309/fr/traitement-chirurgical-de-l-obesite-s...