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Des cabinets de recrutement pour trouver des médecins

Postée le 27/08/2021

Face au manque de médecins qui touche nombre de régions, certaines municipalités redoublent d'efforts : coup de pubs originaux, offres alléchantes... et font appel parfois à des cabinets de recrutement spécialisés. Cette méthode, qui ne résout en rien le problème plutôt structurel des déserts médicaux, a le mérite d'être une solution parfois efficace.

La recherche de la pépite

Dès les premiers entretiens avec un client, comme une collectivité territoriale ou un établissement sanitaire, un cabinet de recrutement saura déjà le conseiller puisqu’il est naturellement au courant des autres offres de la concurrence et des attentes des potentiels candidats. Aurélia, à la tête d’une agence située à Rennes, l’explique simplement : « Je sais ce que proposent les autres mairies, et si par exemple un client n’a pas pensé à proposer le loyer gratuit sur une certaine période alors que les autres le pro­posent, je lui dis de le faire ».

Après avoir bien défini les besoins et l’offre avec son client, le cabinet choisira les différentes plateformes sur lesquelles publier l’offre, ou bien pourra décider de se pencher vers des banques de CV en ligne, ou encore de contacter son réseau. Cette recherche peut se faire en France comme à l’étranger, et beaucoup de médecins d’Europe de l’Est notamment, sont ainsi contactés pour venir s’installer en France. C’est le cas du Dr Hajnalka Polgar, maintenant installée à Oisseau, en Mayenne. Elle témoigne : « je pensais depuis quelque temps à fermer mon cabinet de Satu Mare, en Roumanie, quand j’ai reçu un appel du cabinet Optim Synchrony, de Cholet. Ils m’ont proposé plusieurs offres, et je me suis décidée pour Oisseau. »

Pour Guy, directeur d’une agence, « la nationalité du candidat importe peu. Nous proposons tant des médecins français qu’étrangers. Ce qui compte, c’est que la personne puisse exercer la médecine légalement en France et ait un bon niveau de français. » Et c’est bien là que les difficultés commencent, tant pour ces médecins venus de l’étranger que pour les collectivités locales : des démarches administratives, rendues encore plus ardues par la crise sanitaire, les rencontres avec les acteurs de la ville d’accueil, et bien sûr, l’inscription à l’Ordre des Médecins. Certains seront refusés au dernier moment, faute de savoir suffisamment parler français par exemple.

Des garanties nécessaires

Cette recherche se transforme parfois en parcours du combattant. Certaines mairies et établissements sanitaires sont loin d’être satisfaits, comme la commune de Parigné-l’Évêque, dans la Sarthe. Depuis 2017 leur recherche d’un médecin généraliste est semée d’embûches. Nathalie Morgant, maire de la commune, se souvient des défauts du premier cabinet de recrutement qu’ils ont contacté : « La première candidate qu’ils nous ont proposée n’a pas été acceptée par le Conseil de l’Ordre car elle ne parlait pas bien français. On nous a ensuite proposé un deuxième can­didat, mais cela a échoué quatre jours avant l’installation prévue, parce que son conjoint n’avait pas trouvé d’emploi… » Parigné-l’Évèque accueillera enfin un médecin à la rentrée grâce à un autre cabinet. Coût de l’opération : pas moins de 14 800 €. Un investissement toutefois nécessaire pour la santé des citoyens.

Pour la Communauté de Communes du Sud Territoire, dans le Territoire de Belfort, c’est 17 000 euros qu’il a fallu investir. Face à de telles dépenses il faut exiger des garanties. Selon Sandrine Larcher, vice-présidente chargée de la santé et maire de Delle, la somme totale sera versée « une fois que le nouveau médecin sera installé et qu’il aura toutes les autorisations requises pour exercer ». Dans le cas où le médecin déciderait de ne pas s’installer, alors le cabinet s’est engagé à trouver un autre médecin sans frais supplémentaires.

Certains préfèrent rémunérer leurs prestataires au résultat, comme Romain Lopez, maire de Moissac : « La santé est un enjeu primordial pour notre commune, dans un avenir quasi-immédiat. La municipalité entend multiplier plusieurs actions pour attirer des médecins. Le recours à un cabinet de recrutement est l’une de celles-ci. Ce cabinet, qui a fait preuve d’efficacité, sera rémunéré au médecin installé. Il aura la charge de rechercher un généraliste en mettant en avant les atouts de notre territoire. Notre politique doit être offensive, il en va du bien-être des Moissagais. »

La meilleure garantie de trouver un médecin selon Nathalie Morgant et Sandrine Larcher c’est l’obligation par la régulation. « On n’y arri­vera pas tant qu’on n’imposera pas aux jeunes médecins de s’installer quelques années dans un territoire sous-doté », assure la maire de Delle.

 

Claire Bléhaut

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Sources

https://www.egora.fr/actus-pro/demographie-medicale/67140-un-medecin-coute-que-coute-enquete-sur-le-business-des-cabinets?nopaging=1

https://abonne.lunion.fr/id263538/article/2021-06-07/une-ardennaise-chasseuse-de-blouses-blanches

https://www.ladepeche.fr/2021/05/03/medecins-la-ville-fait-appel-a-un-chasseur-de-tete-9522801.php