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Crise sanitaire : hausse des syndromes dépressifs dans la population générale

Postée le 05/05/2021

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques vient de publier deux études qui mettent en exergue la hausse des syndromes dépressifs dans la population générale et des consultations pour ce motif dans le contexte du confinement du printemps 2020.

Les résultats de la première vague de l’enquête EpiCov[1] révèlent que, en mai 2020, 13,5 % des personnes âgées de 15 ans ou plus vivant en France déclarent des symptômes évocateurs d’un état dépressif, une proportion en hausse de 2,5 points par rapport à 2019. L’augmentation est plus marquée chez les femmes et les moins de 44 ans, particulièrement chez les 15-24 ans. Ainsi, 22 % des jeunes de cette tranche d’âge déclarent des problèmes de ce type en mai 2020, contre 10,1 % en 2019 et 4,2 % en 2014. La proportion de jeunes présentant ce type de syndromes a donc plus que doublé en l’espace de cinq ans entre 2014 et 2019, puis à nouveau entre 2019 et mai 2020. Un syndrome dépressif majeur, évocateur d’un épisode dépressif caractérisé modéré ou sévère, est détecté chez 5,3 % de la population.Les auteurs indiquent que le syndrome dépressif est fortement corrélé à des caractéristiques individuelles, dont certaines sont spécifiques à la situation sanitaire de mai 2020, comme le fait de voir sa situation financière se dégrader depuis le confinement, d’être confiné en appartement, seul, ou en dehors de son logement habituel chez ses parents ou un conjoint, ou encore d’avoir présenté des symptômes évocateurs de la Covid-19. Dix personnes interrogées sur cent, dans le cadre, déclarent prendre des médicaments pour des problèmes d’anxiété, de sommeil ou de dépression. Or, parmi elles, une n’en consommait pas avant le confinement. La part de consommateurs quotidiens d’alcool reste stable : une personne sur dix en mai 2020 par rapport à 2019. Enfin, un peu plus d’un parent sur cinq interrogés sur des difficultés de sommeil d’un de ses enfants (âgés de 3 à 17 ans) déclare qu’elles sont apparues ou ont augmenté depuis le début du confinement.

Cette dégradation de la santé mentale en 2020 est également soulignée par les résultats du quatrième panel d’observation des pratiques et conditions d’exercice en médecine générale [2], dans lequel les médecins interrogés déclarent une hausse des demandes de soins pour stress, troubles anxieux ou dépressifs en novembre et en décembre 2020 : 72 % des médecins généralistes estiment que ces demandes sont plus fréquentes qu’à l’ordinaire et 16 % que le nombre de ces consultations a augmenté de plus de 50 % par rapport à la fréquence habituelle, avant le début de l’épidémie de Covid-19.

La tendance, déjà observée lors de la première vague épidémique (55 % des médecins ont eu des demandes de soins liés à la santé mentale plus fréquentes durant le confinement du printemps 2020), s’accentue au fil du temps.Pour les auteurs, cela traduit peut-être la persistance, au-delà de la première période de confinement, d’une souffrance psychologique marquée dans la population générale, du fait des conséquences sociales et économiques de la pandémie et des mesures mises en place pour l’endiguer. Par ailleurs, les médecins exerçant dans les zones où l’intensité épidémique est élevée constatent également un peu plus souvent une hausse des demandes de soins pour stress, troubles anxieux ou dépressifs (77 % des médecins exerçant dans les départements les plus touchés sont concernés, contre 71 % pour les autres médecins).

Quatre problèmes de santé mentale ont augmenté significativement entre 2019 et mai 2020 dans la population générale [1] :

  • le fait d’être triste, déprimé ou désespéré ;
  • la perte d’intérêt ou de plaisir à faire les choses ;
  • les difficultés de concentration ;
  • les difficultés liées au sommeil, qui concernent plus de la moitié des personnes interrogées.

À l’inverse, trois symptômes sont en recul sur cette même période :

  • la fatigue et le manque d’énergie ;
  • la mauvaise opinion de soi ;
  • le fait de bouger ou de parler lentement ou, au contraire, d’être agité.

Les problèmes liés à la nourriture (manque d’appétit ou hyperphagie) paraissent stables par rapport à 2019.

 

Catherine Boisaubert

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[1] Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees). Confinement du printemps 2020 : une hausse des syndromes dépressifs, surtout chez les 15-24 ans. Études et résultats 2021;1185. https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2021-03/ER11....

[2] Drees. Confinement de novembre-décembre 2020 : une hausse des demandes de soins liés à la santé mentale. Études et résultats 2021;1186. https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2021-03/ER11....

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